Elle s’appelait Nel, elle était belle, elle sentait bon la fleur nouvelle… rue de la Sapinière. Cette bouffée de nostalgie printanière me vient tout droit de Watermael-Boitsfort où Rik Wouters, figure de proue du fauvisme brabançon, vécut ses années les plus prolifiques. Avant d’être fauché par la guerre 14-18 et le cancer, à 33 ans.
Le lien entre une commune bruxelloise et les régions entre Meuse et Rhin ne saute pas aux yeux ? Il y en a plus d’un. Wouters, avant d’être peintre, avait une formation de sculpteur. Un de ses bronzes les plus émouvants, dont la statue originale en plâtre se trouve au Musée des Beaux-Arts de Bruxelles, s’intitule Les Soucis Domestiques. Il en existe une version en bordure du petit Parc du Leybeek, à Boitsfort, où je me suis si souvent promenée. Une autre, dans le Rheinpark de Cologne, capitale de la Rhénanie du Nord-Westphalie.
Le modèle de cette petite ménagère soucieuse, n’est autre que Nel Deurinckx, l’épouse de l’artiste qui fut aussi sa muse jusqu’à la fin. Nel au chignon sage n’a pas la notoriété tragique d’une Jeanne Hébuterne, qui se suicida le surlendemain de la mort de Modigliani. (Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’il faut en faire un peu trop pour faire le buzz…) Mais c’est le visage de Nel qui illumine le tableau choisi par le musée de la Boverie comme étendard d’une exposition incontournable : Liège. Chefs-d’œuvre.
C’était aussi l’occasion d’enjamber la Meuse et d’aborder d’autres thèmes de saison. Jeunes pousses des microbrasseries liégeoises. Offensive des narcisses sauvages. Cerisiers du Japon en fleur au Limbourg. Et fine fleur des moutardes artisanales pour réveiller vos salades printanières et estivales…
Bref, ce numéro 2 de Feel n’ Cross vous ménage pas mal de surprises. Dont la moindre n’est pas qu’il parait aussi en anglais ! Alors partons sans attendre à la recherche de Nel…
Germaine Fanchamps
Ménagère en chef
Photo : Gilles Maes – www.gilles-maes.be